Photo : Christian Blais
4 hommes armés de marqueurs écument les rues de Montréal à l'affût de meubles abandonnés pour leur donner la parole : sofas, télés…
«
Ne parlez pas dans mon dos », exhibe le
derrière d'une vieille commode.
«
Un simple reflet d'elle-même », affiche une armoire à glace.
«
Pourtant, le courant passait bien... », annonce une télé qui finit à la rue.
Les
gens repartent parfois avec l'objet. Les
morceaux passent du statut d'ordures à celui d'objets d'art. On se souvient des Dadas…
Olivier,
Vincent, Étienne et Romain traînaient dans les
rues à la recherche de murs à "graffiter". Quelques tours à la
case prison pour réajuster leur orientation et trouver la bonne école : la calligraphie.
Psychopathes
de la courbe, obsédés de pleins et de déliés, travaillant parfois jusqu'à 10
heures par jour l'Anglaise ou les Onciales, ces belles
lettrines de pierre tombale… Ils collectionnent les marqueurs qu’ils chérissent :
Sharpie Paint, Posca, Molotow, On The Run... Fabriqués au Japon pour la
plupart, ils les achètent dans des boutiques spécialisées, sur le Web ou à New
York, entre 10 et 100 dollars.
Ils
ont déjà « marqué » des meubles à Paris, Toronto et New York. Même si
leurs œuvres sont éphémères, les photos circulent partout, grâce notamment à Instagram.
Garbage Beauty veut faire réfléchir sur la surconsommation.
La Presse . 21 mars 2014