samedi 22 mars 2014

Garnements de la plume

Photo : Christian Blais

4 hommes armés de marqueurs écument les rues de Montréal à l'affût de meubles abandonnés pour leur donner la parole : sofas, télés…
« Ne parlez pas dans mon dos », exhibe le derrière d'une vieille commode.
« Un simple reflet d'elle-même », affiche une armoire à glace.
« Pourtant, le courant passait bien... », annonce une télé qui finit à la rue.
Les gens repartent parfois avec l'objet. Les morceaux passent du statut d'ordures à celui d'objets d'art. On se souvient des Dadas
Olivier, Vincent, Étienne et Romain traînaient dans les rues à la recherche de murs à "graffiter". Quelques tours à la case prison pour réajuster leur orientation et trouver la bonne école : la calligraphie.
Psychopathes de la courbe, obsédés de pleins et de déliés, travaillant parfois jusqu'à 10 heures par jour l'Anglaise ou les Onciales, ces belles lettrines de pierre tombale… Ils collectionnent les marqueurs qu’ils chérissent : Sharpie Paint, Posca, Molotow, On The Run... Fabriqués au Japon pour la plupart, ils les achètent dans des boutiques spécialisées, sur le Web ou à New York, entre 10 et 100 dollars.
Ils ont déjà « marqué » des meubles à Paris, Toronto et New York. Même si leurs œuvres sont éphémères, les photos circulent partout, grâce notamment à Instagram.
Garbage Beauty veut faire réfléchir sur la surconsommation.

La Presse . 21 mars 2014